Premièrement, nous nous indignons contre le refus de légiférer pour protéger les enfants intersexes des mutilations génitales en France. Avec toutes les informations dont nous disposons aujourd’hui sur le sujet, cela est parfaitement criminel. Pour plus d’informations, nous vous invitons à consulter le Collectif Intersexes et Allié.e.s - OII France, évidemment bien plus spécialiste que nous sur la question.
Deuxièmement, bien que nous nous réjouissons de l’ouverture de la PMA pour les couples de femmes cis et les femmes cis célibataires, nous nous indignons contre les discriminations encore subies par les personnes transgenres, y compris non-binaires. En effet, un homme trans ou une personne non-binaire ayant obtenu un état civil masculin ne pourra pas accéder à la PMA. De même, une femme trans ou une personne non-binaire ayant obtenu un état civil féminin ne pourra pas faire don de sperme à une compagne cisgenre ni être reconnue comme parent biologique de son propre enfant ! C’est évidemment scandaleux et parfaitement absurde !
Depuis 2016, les personnes transgenres n’ont plus besoin d’être stérilisées pour changer d’état civil en France. Cependant, le message est très clair. En effet, les personnes trans sont ici mises face à un mur. Deux « choix » s’offrent à elles : repousser leur transition pour avoir des enfants, en mettant en danger leur bien être et leur santé, ou transitionner et renoncer à leur désir d’enfant. On ne nous stérilise plus, mais c’est tout comme.
Il est nécessaire de comprendre que cela n’est pas non plus l’affaire de quelques cas isolés (et quand bien même, cela resterait scandaleux). En effet, 1. il y a plus de personnes trans que vous ne le pensez, 2. il y a plus de personnes trans qui veulent être parents que vous ne le pensez, 3. cela n’affectera pas que les personnes trans ayant des problèmes de fertilité et nécessitant effectivement une PMA. Pourquoi ? Simplement parce que dans la majorité des cas, on découvre qu’on a des problèmes de fertilité en essayant de concevoir. Ce qui signifie que plein de personnes trans devront « choisir » entre deux options : transitionner, prendre le risque de découvrir des problèmes de fertilité et ne pas avoir accès à la PMA ou décider de ne prendre aucun risque et repousser la transition pour se garantir un accès à la PMA au cas où.
Et évidemment, selon l’orientation ou le(s) partenaire(s) d’une personne trans, parfois la question ne se pose même pas puisqu’une PMA est forcément nécessaire (par exemple si un homme trans est en couple avec une femme cis et que c’est lui qui veut porter l’enfant).
Rappelons également que repousser une transition peut avoir des conséquences désastreuses. La transition est pour certaines personnes trans vitale. Elle est aussi nécessaire pour ne pas subir de violences et de discriminations quand l’apparence n’est plus en « accord » avec l’état civil. Bref, forcer des personnes trans à repousser leur transition est dangereux et irresponsable.
Il est aussi nécessaire de rappeler que bien des personnes trans découvrent leur désir de parentalité après la transition, quand elles sont elles-mêmes, bien dans leur tête et dans leur corps. Pour ces personnes, il n’y aura donc même pas de « choix » possible, elles seront bloquées (et nous mettons de gros guillemets sur le mot « choix » car même pour les autres, c’est un faux « choix »).
Ajoutons qu’il est scandaleux et déplorable que les personnes censées légiférer sur cette question aient si mal maîtrisé le sujet de la transidentité, au point de ne même pas savoir du vocabulaire de base tel que « homme trans » et « femme trans ». A partir de là, les compétences de ces personnes pour prendre une telle décision sur la PMA semblent plus que douteuses. Il serait urgent que ces personnes, ainsi que les professionnels de santé, se forment à la transidentité auprès de sources fiables et de personnes concernées.
Alors que la marche de l’ExisTransInter va avoir lieu ce 19 octobre 2019, nous réaffirmons donc notre revendication concernant la PMA : nous exigeons une PMA réellement pour touStes, sans conditions, sans restrictions. Nous exigeons qu’elle soit ouverte aux personnes trans quelque soit leur état civil ! Nous exigeons que le régime de filiation soit régularisé pour que les personnes trans soient reconnues comme les parents de leurs propres enfants sans avoir à les adopter ! Et nous serons à l’ExisTransInter pour faire valoir ces droits, et bien d’autres (consultez notre tract pour avoir une liste complète). Nous espérons vous y voir nombreuxes.
Le Collectif Non-Binaire